Débrider le moteur économique de la France
Depuis des années, le spectre du déclin économique de la France est dans toutes les têtes. Non pas qu’il faille exagérer nos faiblesses, même si elles sont réelles, ni minimiser nos atouts, qui demeurent nombreux et parfois même enviables…
Mais, continuant à produire et à gérer comme à l’époque où il était à l’abri des contraintes de la mondialisation et de l’Union économique et monétaire européenne, notre pays s’est laissé glisser sur une pente qui l’entraîne effectivement vers le déclassement.
Recul de l’industrie, explosion du chômage de masse, faiblesse de la croissance dangereusement compensée par la dette, accumulation des entraves (normes et charges) en tout genre aux entrepreneurs, fuite des cerveaux, faiblesse de la formation, hypertrophie et conservatisme du secteur public, etc. ce ne sont pas les symptômes, alarmants, qui manquent !
En réalité, l’économie française souffre de deux maux principaux dont l’addition a des effets dévastateurs : d’une part la bureaucratisation excessive qui bride les forces vives de la Nation, d’autre part une ouverture naïve à une concurrence internationale, trop souvent déloyale.
C’est pourquoi il est nécessaire à la fois de défendre notre économie, ainsi que le font tous les pays du monde qui tirent aujourd’hui leur épingle du jeu, et de muscler nos entreprises pour améliorer notre compétitivité et notre capacité d’innovation. Tout l’enjeu réside en vérité dans le retour du « produire en France », clé de nos emplois et de notre puissance de demain.
De fait, depuis maintenant une décennie, on entend parler régulièrement de « patriotisme économique », preuve que le produire en France est redevenu une préoccupation centrale. Mais nos gouvernants qui en parlent peinent à sortir du slogan ou de l’effet de manche, preuve des obstacles multiples qui en empêchent la mise en œuvre concrète et résolue.
Pourquoi vouloir la ré-industrialisation de la France , car c’est bien entendu de cela qu’il s’agit ?
Tout simplement parce qu’on a désormais compris que la production de biens constitue toujours le cœur de l’économie réelle, riche de croissance et d’emplois.
Il aura hélas fallu les années terribles de ce début de XXIe siècle, témoin d’un véritable carnage industriel et de la destruction au bas mot de 750 000 emplois directs, pour qu’on s’en aperçoive.
Et qu’on prenne conscience que l’économie du « tout-services », cette lubie justifiant l’abandon en rase campagne des Péchiney, Alcatel, Arcelor, Alstom et de tant d’autres, n’est qu’une tragique fumisterie, le cache-sexe d’un crédo libéral mal digéré ou d’une résignation coupable.
Pour marquer des points, comme une équipe de football marque des buts, notre pays doit se constituer une solide défense et se doter d’une attaque efficace, l’une ne fonctionnant pas sans l’autre. Il s’agit ainsi d’articuler des mesures offensives, visant à libérer les forces vives de la Nation, avec des mesures de légitime et indispensable protection, via des interventions ciblées de l’Etat.
NOS PROPOSITIONS :
Libérer les forces vives et muscler l’industrie française
► Simplifier le maquis légal et réglementaire et réduire les charges sociales
► Créer une Loi de Promotion des Petites Entreprises qui simplifiera toutes les démarches administratives et leur réservera une part importante des marchés publics
► Diviser par deux l’impôt sur les sociétés portant sur les bénéfices réinvestis afin d’inciter les entreprises à investir en France plutôt qu’à verser leurs bénéfices sous forme de dividende
► Orienter l’épargne, le crédit et le capital vers le financement des PME/TPE en autorisant la déduction de l’ISF ou de l’impôt sur le revenu de la moitié des sommes investies par les particuliers dans l’économie productive pour des entreprises investissant en France
► Créer la « sécurité professionnelle », garantissant à chaque salarié la constitution d’un capital-formation au fil de son évolution professionnelle, et lui donnant accès à de réelles facultés de réorientation de sa carrière
► Mettre en place un nouveau Commissariat au Plan chargé de définir une vision de long terme du développement économique de notre pays
► Définir avec le Plan quelques filières prioritaires (énergies renouvelables, transports non polluants, recyclage, biotechnologies, nanotechnologies…) et en faire des pôles de compétitivité majeurs pour les vingt ans à venir.
► Y développer des champions mondiaux sur le modèle de ce qui a été fait dans l’aéronautique, le nucléaire, les trains à grande vitesse ou l’aérospatiale dans les années 60 par l’association des industriels, de la recherche et de l’enseignement supérieur
► Utiliser la Caisse de Dépôts et Consignations pour le financement de projets sur les filières prioritaires définies par le Plan
► Encadrer les mécanismes d’aide aux entreprises innovantes (FCPI notamment) pour garantir le maintien en France des entreprises ainsi aidées
► Mieux articuler recherche et enseignement et revaloriser sensiblement la condition de chercheurs (notamment les doctorants) dans le cadre de la compétition internationale
► Reprendre la main sur notre recherche et favoriser les coopérations européennes interétatiques ponctuelles afin d’arrêter la casse de nos grands organismes de recherche par l’Union Européenne
► Renforcer la coopération entre industrie et recherche à travers les pôles de compétitivité et le rapprochement géographique de tous les acteurs de la filière (enseignement, recherche publique et privée, production, commercialisation)
► Renforcer les pôles de compétitivité dédiés à l’environnement en développant les formations universitaires dans le domaine, dans nos meilleures universités et écoles.
► Faire des Etats Généraux de l’Avenir Energétique pour orienter notre avenir énergétique à long terme en prenant en considération quatre facteurs : le prix, l’indépendance, la sûreté et l’impact sur l’environnement.
► Mettre en œuvre une fiscalité dissuadant les comportements pollueurs (bonus / malus au prorata du CO2, taxe sur les emballages…) et incitant à économiser l’énergie (crédits d’impôt sur les matériaux économes…).
► Faire de la France le champion européen de l’agriculture biologique et naturelle à horizon 2020.
► Soutenir le développement de filières courtes, réduisant le nombre d’intermédiaires.
► Développer la création de pôles de compétitivité dans tous les secteurs.
► Sortir de l’impasse des biocarburants de première génération et développer massivement la recherche sur les biocarburants de seconde génération issus de la culture d’algues oléagineuses, sans impact pour la sécurité alimentaire, et accélérer la mise au point de véhicules hybrides, notamment les poids lourds
► Créer un grand service public du recyclage ainsi que des filières de substitution aux hydrocarbures (énergie, plastique) avec un soutien de l’Etat dans le cadre du plan.